Ville d'Avray, à flanc de côteau, n'est situé ni sur une rivière navigable, ni sur une voie de communication, ni sur une hauteur stratégique. Nous n'en trouvons aucune trace sous la domination romaine. Par contre, le savant Emile Rivière a découvert les preuves d'une présence humaine préhistorique: de nombreux silex taillés parsèment nos bois. Ils sont datés de l'époque moustérienne, et proviennent de campements de chasse. Il nous faut arriver au XIIème siècle pour voir apparaître le nom de seigneurs de Villa Dauren, relevant du roi, de l'évêque de Paris, et du seigneur de Marly. L'origine du nom de la ville est sûrement franque. "Villedavren", mélange de "Villa Dauren" et de "Dagoverana" (nom de la plus ancienne propriétaire), donnera Ville d'Avray, et les habitants se nomment naturellement les dagovéraniens. Le territoire passe entre les mains de très nombreux propriétaires successifs, du XIIème au XIVème. Les Célestins, ordre religieux créé en 1254, prirent possession des parcelles, petit à petit. Les moines ont reconstitué patiemment l'ancien domaine des premiers seigneurs, tout au long du XVème. Il ne faut pas oublier qu'au milieu de ce XVème siècle, s'achevait la guerre de Cent Ans, qui sacagea toute la région située entre la Loire et la Seine, suivies par la peste et la famine... Ville d'Avray, se situant près de Saint-Cloud (ville fortifiée, prise et reprise sans arrêt), n'échappa pas à la dévastation. On ne comptait plus qu'une trentaine de personnes en 1456!! Les champs étaient retournés en friche, les villages envahis par les épines et les broussailles. Les propriétaires ne montraient donc pas un grand intérêt pour leurs terres de Ville d'Avray, et n'hésitèrent pas à vendre celles-ci aux Célestins, qui, disposant de moyens puissants, remirent en état les vignobles. Le village attira dès la fin du siècle de nouveaux habitants. De 1470 à 1570, le nombre de villageois passe de 30 à 300. Cette configuration reste valable jusqu'à la Révolution. Aux XVIIème et XVIIIème siècles, le village est construit autour de l'ancienne église. Les constructions sont resserrées dans les hauteurs, entre le Monastère d'aujourd'hui et les rues de Versailles et de Marnes. Les deux grands axes de circulation existaient déjà: Versailles-Saint-Cloud et Marnes-Sèvres. Ainsi donc vivait Ville d'Avray sous le règne de Louis XV: vie paisible, une faible population rurale, quelques grandes familles ayant choisi de résider près de Versailles, pas de hauts faits historiques. Sur l'emplacement du Monastère existait toujours la maison des Célestins, mais l'ordre abandonna ses terres au roi en 1747. A ce moment, les bâtiments étaient très délabrés, et les restaurations devenaient urgentes. Marc-Antoine Thierry, issu d'une famille au service du roi, et lui-même premier valet de chambre de Louis XVI, reprit en bail de six ans ces terrains. Ce fut le point de départ d'un renouveau pour Ville d'Avray au moment même où se manifestaient les prémisses de la Révolution. En 1775, Thierry fit construire un château (en lieu et place du manoir de la Brosse, en ruine). En fait, le valet avait de l'ambition, et rêvait d'un titre pour être grand seigneur à la Cour. Au terme d'un échange de biens avec le roi, la nouvelle Seigneurie de Ville d'Avray vit le jour, avec titre de baronnie. Le baron marqua la commune grace à un mécénat important (écoles, église, presbytère et vicariat). Trois jours après la pose de la première pierre de l'église, c'était la prise de la Bastille... La révolution allait emporter Thierry et disperser ses biens.
Après avoir été fief féodal, puis propriété ecclésiastique, la ville fut aux mains d'un homme de la Cour par échange avec le roi. Le XIXème amène la classe moyenne. La bourgeoisie et la finance se partagent les terres de Thierry, mais de belles propriétés subsistent. Celles-ci vont attirer de riches personnages ainsi que beaucoup d'artistes. Ville d'Avray jouit du calme de la campagne et de la beauté de ses étangs. Le XXème siècle, quant à lui, entraine l'ère urbaine, qui touchera aussi notre commune. Progressivement, les résidences secondaires vont être remplacées par des résidences principales d'habitants de la région parisienne cherchant le calme et la verdure. Ce phénomène va se développer dès la fin de la guerre 14-18 et s'accélérer en 1955 et encore plus en 1962. Le taux d'accroissement de la population bat le record du département: 11,3% par an de 1962 à 1965, 15,2% de 1965 à 1967. Avec 10500 habitants en 1968, le stade de la ville est franchi. Ce village d'Ile de France, devenu ville, demeure un havre de calme et de paix qui a su conserver ses charmes essentiels, son caractère principal et maintenant sa vocation artistique et culturelle, fruit de son passé historique... J'ai réalisé ce résumé grâce au livre "Ville d'Avray et son Histoire", édition revue et complétée, de Brunet-Moret. Cet ouvrage fourmille d'anecdotes sur VdA. Il est disponible à la bibliothèque de la ville.
|